Traductions juridiques et informatiques

World Ethical Data Forum 2022 : explorons l’avenir des données

publié par Gwendoline Clavé le » mis à jour le

Numérique Droit » Données Vie privée

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Du 26 au 28 octobre 2022 se tiendra la troisième édition du forum en ligne de la World Ethical Data Foundation. Cet événement abordera « les questions pressantes d’ordre déontologique et pratique autour de l’utilisation et de l’avenir des données ».

Au programme : sécurité de l’information, droits humains, intelligence artificielle et bien plus. Ouvert à toutes et à tous, ce forum intéressera particulièrement les spécialistes de la protection de la vie privée ou de l’informatique, mais les traductaires feraient bien d’y assister également !


Au programme


World Ethical Data Foundation

La World Ethical Data Foundation est une organisation à but non lucratif qui explore (et aide autrui à explorer) les problèmes et opportunités autour des technologies de la connaissance et des données. Grâce aux recherches qu’elle mène et aux discussions qu’elle encadre, elle contribue au développement de solutions qui permettent de trouver le juste milieu entre les risques et les avantages. Ses missions consistent notamment à :

  • faciliter les échanges et la collaboration entre « des personnes et des institutions de toutes perspectives, traditions et cultures »
  • conseiller les entreprises et les gouvernements pour les aider à prendre les bonnes décisions afin de protéger les droits humains et la démocratie
  • proposer des conseils et des solutions exploitables pour défendre les démocraties — « des architectures incroyablement vulnérables, compte tenu des avantages que leur exploitation peut présenter »

World Ethical Data Forum 2022

Le World Ethical Data Forum, dont la première édition s’est déroulée en 2018, est la suite logique du travail de la fondation. L’édition 2022 permettra à quiconque « d’échanger et de débattre de tout le champ des problèmes interconnectés à travers l’écosystème numérique ». Avec plus d’une centaine d’intervenant·es, il devrait en effet aborder un large éventail de sujets.

J’ai découvert cet événement grâce à un message de John Marshall, directeur de la fondation et CEO du forum, dans le groupe LinkedIn de l’association internationale des professionel·les de la protection de la vie privée (IAPP). D’après John, ce nouveau forum « constituera une innovation dans le domaine des données et des technologies qui les exploitent » par la forme et par le fond.

Définir l’avenir des données

Comme l’explique la fondation, « les conséquences de l’utilisation et de l’abus des [technologies reposant sur les données] se ressentent dans le monde entier — dans la guerre électronique, la recherche sur le climat, le journalisme, et plus encore. Pourtant, la question [de l’accès et du contrôle des données et des informations qu’elles produisent] est encore trop peu explorée ».

Avec ce troisième World Ethical Data Forum, la fondation souhaite donner à toutes et à tous l’occasion de « définir la discussion la plus importante de notre époque », c’est-à-dire « modifier la manière de déployer les informations et les technologies qui y sont liées » et « nous donner une chance d’en améliorer les effets ».

Des institutions gouvernementales à la société civile en passant par les géants de la technologie, les entreprises, les start-ups, les médias, le monde académique et celui du divertissement, tout le monde est invité à participer à cette conversation.

Les données sous tous les angles

Au programme du World Ethical Data Forum, 18 grands thèmes :

  • la citoyenneté numérique, p. ex. « Initiatives to empower citizens » (« Initiatives visant à donner le pouvoir aux citoyen·nes »)
  • la cybersécurité, p. ex. « Darker side of gaming, esports, and kids » (« La face cachée du gaming, l’esport et les enfants »)
  • les découvertes issues du monde académique, p. ex. « Neuroethics and data privacy » (« La neuroéthique et la confidentialité des données »)
  • la diversité, l’égalité et l’inclusion, p. ex. « Women in Tech: Perspectives from Scotiabank » (« Les femmes dans la tech, points de vue de Scotiabank »)
  • les données et le genre, p. ex. « Feminism in AI » (« Le féminisme dans l’IA »)
  • les données et les médias, p. ex. « Censorship and Manipulation » (« Censure et manipulation »)
  • les droits humains et numériques, p. ex. « The future of digital rights: where are we and where are we going? » (« L’avenir des droits numériques : où en sommes-nous et où allons-nous ? »)
  • l’environnement et la technologie, p. ex. « Redefining Capitalism with Ecosia » (« Redéfinir le capitalisme avec Ecosia »)
  • l’éthique et la philosophie, p. ex. « Should we use AI to keep people safe online? » (« Devrions-nous utiliser l’IA pour protéger les personnes en ligne ? »)
  • la gouvernance et la politique, p. ex. « Democracies and data governance in LATAM » (« Les démocracies et la gouvernance des données en Amérique latine »)
  • l’impact, p. ex. « Data-driven strategies to improve the student journey » (« Stratégies reposant sur les données pour améliorer le parcours des étudiant·es »)
  • l’intelligence artificielle, p. ex. « AI Ethics: from Principles to practice » (« L’éthique de l’IA, des principes à la pratique »)
  • le lancement d’alerte et la censure, p. ex. « The suppression of informational access by a nation which asserts it is in a “Perpetual War” » (« La suppression de l’accès à l’information par une nation qui se revendique ‘en guerre perpétuelle’ »)
  • les médias et la culture, p. ex. « Data and Creative Labour Markets » (« Les données et les marchés du travail créatif »)
  • l’open source, p. ex. « Open Source vs the Cloud: The Case for Local First Software » (« L’open source contre le cloud : arguments en faveur du local-first software »)
  • la politique et la gouvernance, p. ex. « The Law of Mass Surveillance in the Age of Artificial Intelligence » (« Le droit de la surveillance massive à l’ère de l’intelligence artificielle »)
  • la protection de la vie privée, p. ex. « Data, Encryption and Human Rights » (« Données, chiffrement et droits humains »)
  • la protection de la vie privée et la surveillance, p. ex. « Cybersecurity and Human Rights » (« Cybersécurité et droits humains »)

Des intervenant·es d’envergure internationale

Chaque année, la fondation est fière de réunir « les esprits les plus brillants et les plus influents à travers le monde », « figures éminentes issues de tous les secteurs, industries et institutions ». D’après John Marshall, elle rassemble toujours des intervenant·es « d’envergure internationale ».

La troisième édition devrait compter plus de 100 intervenant·es, dont 81 sont déjà listé·es sur le site web du World Ethical Data Forum. Les activistes et les PDG côtoieront les journalistes, les juristes, les universitaires et d’autres expert·es en IA, sécurité, informatique et plus encore.

Inclusivité et autres valeurs fortes

Bâti sur des valeurs fortes, le troisième World Ethical Data Forum se veut aussi inclusif que possible, et ce, à l’échelle mondiale. L’équipe organisatrice a cherché à prendre en compte tous les facteurs susceptibles d’empêcher certaines personnes de participer (comme la pauvreté, les fuseaux horaires, la surveillance, la censure, les handicaps et le manque de compétence linguistique).

  • Prix : l’accès au forum est gratuit afin de rendre les discussions accessibles « aux personnes qui ont le plus grand besoin de les entendre et d’être entendues ».

  • Infrastructure : le forum « reposera sur une infrastructure open source, interopérable, décentralisée et respectueuse de la vie privée » — et notamment sur les protocoles Matrix et Element (tous deux partenaires de l’événement).

  • Accessibilité : l’équipe organisatrice du World Ethical Data Forum a consulté l’institut mondial du handicap (WID) pour prendre les bonnes décisions. Par exemple, toutes les interventions devraient être sous-titrées et une interprétation en langue des signes sera proposée pour le plus grand nombre d’interventions possible. Le WID fera aussi une présentation sur le « niveau d’accessibilité inexcusablement bas du Web ».

  • Multilinguisme : d’après John, les intervenant·es sont invité·es à « participer dans leur langue maternelle ». Par exemple, « les expert·es et organisations les plus éminent·es d’Amérique du Sud » s’exprimeront en espagnol ou en portugais pendant les trois jours. La traduction et l’interprétation contribueront à l’accessibilité du World Ethical Data Forum.

Quel intérêt pour les traductaires ?

Pour les traductaires spécialisé·es dans certains des sujets qui seront abordés lors du forum (comme la cybersécurité, la blockchain et les droits humains), cet événement est une occasion de mettre à jour ou d’étendre leurs connaissances. Mais si vous traduisez des documents dans d’autres domaines, pourquoi devriez-vous y assister ?

Prenons l’exemple de nos données personnelles. Réfléchissez un instant à tout ce que vous faites en ligne dans le cadre de votre travail. Si vous êtes comme moi, vous faites probablement des tonnes de recherches lors d’un projet de traduction pour comprendre au mieux votre texte source et trouver la terminologie adéquate.

Exemple n° 1 : les murs de traceurs

Les résultats des moteurs de recherche retournent parfois des pages auxquelles vous ne pouvez pas accéder sans accepter les cookies, à moins de souscrire un abonnement payant à une publication. Lorsque vous essayez d’accéder à un site web pour les besoins d’un projet précis, vous n’avez pas forcément envie de vous y abonner. Avant d’accepter les cookies, vous posez-vous parfois les questions suivantes :

  • Que font ces cookies ?
  • Comment aident-ils ce site web à gagner de l’argent ?
  • Qu’y a-t-il de si précieux dans les données qu’il recueillent ?
  • Qui achètera mes données à ce site web ?
  • Que révèlent ces données à mon sujet ?
  • Comment cette collecte de données pourrait-elle m’affecter ?

Exemple n° 2 : les gratuités ou freebies

Vous tombez parfois sur un livre blanc ou autre document qui pourrait vous aider à comprendre votre sujet ou à trouver un terme dont vous avez besoin, mais on vous demande votre nom et votre adresse e-mail pour le télécharger. Si vous ne saisissez pas vos données, vous devrez chercher un autre document. Avant de céder, vous demandez-vous :

  • Qui est derrière ce site web ?
  • Comment mes données seront-elles utilisées ?
  • Vais-je recevoir une énième newsletter dont je ne veux pas ?
  • Qui aura accès à mes données ?
  • Que fait cette société pour protéger mes données ?
  • Comment puis-je lui demander de supprimer mes données ?

Exemple n° 3 : le profilage

Nous laissons toutes et tous des traces en ligne. Si vous n’utilisez pas la navigation privée ou un bloqueur de publicités, vous voyez probablement des annonces concernant des produits sur lesquels vous avez effectué des recherches, mais que vous n’utiliseriez pas vous-même. Au moins, vous brouillez les pistes ! Mais que ces publicités soient ou non pertinentes, elles soulèvent des questions importantes :

  • Comment ce réseau publicitaire a-t-il obtenu des informations à mon sujet ?
  • Sur les centaines de sites web que j’ai visités, lesquels ont partagé des informations à mon sujet avec d’autres sites ?
  • Ces publicités recueillent-elles plus de données à mon sujet ?
  • Qui d’autre pourrait s’intéresser à mes données ?
  • Comment puis-je me protéger ?

Exemple n° 4 : la surveillance

Après avoir terminé une traduction sur un sujet sensible, certain·es collègues disent parfois en plaisantant qu’iels vont finir sur des listes de surveillance. Et si ce n’était pas qu’une blague ? Vous êtes-vous déjà demandé :

  • Pourquoi finiraient-iels sur une liste de surveillance ?
  • Les agences de sécurité peuvent-elles identifier les internautes qui cherchent des termes précis ?
  • Le mauvais projet de traduction pourrait-il m’attirer des ennuis ?
  • Cela pourrait-il m’empêcher de travailler pour certaines organisations ?
  • Et si certaines de mes recherches révélaient des informations sur mes clients ou leurs sociétés à des tiers ?
  • Une simple recherche sur Google pourrait-elle constituer une violation de mes obligations en matière de confidentialité ou de protection des données ?

Et bien plus

Ces exemples et questions n’ont fait qu’effleurer la surface. Comme nous l’avons vu un peu plus tôt, le mot « données » soulève de nombreuses questions supplémentaires, et vous pourriez vous intéresser à un autre domaine, comme l’intelligence artificielle (coucou, la traduction automatique !).

Par exemple, en tant que traductrice juridique spécialisée dans la protection des données, j’ai hâte d’assister aux discussions sur la confidentialité et les droits liés aux données. Mais à titre personnel, de nombreux autres domaines m’attirent — ou m’inquiètent !

J’espère que les exemples ci-dessus vous donneront envie de vous renseigner sur cet événement et de prendre quelques heures (ou plus) pour écouter des expert·es échanger sur certaines des questions les plus importantes autour de l’avenir des données.

S’inscrire et passer le mot

Le WEDF n’emploie aucune des « méthodes désormais bien trop courantes » de promotion (et notamment de suivi ou ciblage). Le bouche à oreille est donc essentiel à la réussite de cet événement — d’où cet article.

Après votre inscription, pensez à parler du forum aux personnes de votre réseau qui « bénéficieraient de ces discussions ou qui pourraient avoir des questions à poser ou un point de vue à contribuer ».

Prévoyez-vous d’assister à cet événement ? Quels sujets vous intéressent le plus ? Y a-t-il des intervenant·es à ne pas rater ? Dites-le-moi sur LinkedIn !


Ajout du 29 octobre 2022 :

Regarder les enregistrements

Vous pouvez désormais regarder les enregistrements du World Ethical Data Forum avec des sous-titres anglais ou espagnols sur le site du WEDF :

Merci d’avoir lu jusqu’ici !

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Gwendoline Clavé, traductrice juridique anglais français

Gwendoline Clavé

Bonjour, je suis une traductrice de l’anglais au français installée à Marseille. Quand je ne traduis pas de documents juridiques ou de contenus SEO pour des sociétés informatiques, je réécris des documents juridiques traditionnels en langage clair. Sur ce blog, je partage des réflexions et informations sur des sujets variés à la croisée de la traduction, du droit et du numérique.

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