Traductions juridiques et informatiques

La traduction juridique, spécialisation méconnue

publié par Gwendoline Clavé le

Droit Traduction » Spécialisation Traduction juridique

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Si vous pensez que la traduction juridique est un domaine technique comme les autres, vous allez changer d’avis. Cette spécialisation fait le lien entre différents systèmes juridiques pour rendre accessible le contenu d’un document à un lecteur qui n’en parle pas la langue.

Pour y parvenir, le traducteur juridique doit faire face aux conséquences de ces différences et braver un certain nombre de défis, comme l’absence d’équivalence entre les concepts de ces systèmes juridiques. Découvrez ces particularités pour comprendre pourquoi il est important d’engager un traducteur juridique spécialisé.


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La traduction juridique, connecteur entre différents systèmes de droit

La traduction juridique implique toujours deux systèmes de droit

Avant de commencer toute traduction juridique, le traducteur doit identifier, à partir du document à traduire et du besoin dont vous lui faites part :

  • le droit applicable au document à traduire (le droit étranger), qui influencera son interprétation du document et le choix des sources à consulter
  • le droit dont son lecteur est familier (le droit du pays de destination), qui dictera le choix de termes et des stratégies de traduction

Pour produire un travail de qualité, le traducteur juridique doit connaître les notions fondamentales des systèmes juridiques des pays où sont parlées ses langues de travail.

Par exemple, si vous lui confiez la traduction d’un contrat régi par le droit américain pour des lecteurs français, une bonne connaissance du système juridique des États-Unis et du droit français lui sera indispensable.

Il devra par ailleurs être familier des conventions de rédaction américaines et françaises pour reconnaître les formules figées et les termes spécialisés de l’anglais juridique, et les traduire de façon naturelle (et non littérale) en français.

Impact des familles de droits sur la traduction juridique

Si tout traducteur peut s’essayer à la traduction juridique, vous pouvez reconnaître un spécialiste à sa réelle compréhension des différences entre les systèmes juridiques des pays de ses langues de travail.

Le droit étant le reflet de la société, deux cultures éloignées peuvent avoir des conceptions du droit très différentes qui compliquent le travail du traducteur juridique. Plus les systèmes juridiques impliqués sont éloignés, plus le document contiendra de concepts difficiles à traduire.

Les systèmes juridiques de différents pays ont toutefois des similarités, dues à une histoire commune ou à l’influence de l’un sur l’autre, qui permettent de les regrouper dans de grandes familles de droits telles que :

  • la famille des droits romano-germaniques (certains pays d’Europe et d’Amérique latine)
  • les pays de Common Law (généralement, les pays du Commonwealth)
  • les pays de droit religieux (comme les pays musulmans, l’Inde ou Israël)
  • les pays de droit traditionnel (dont la Chine, le Japon et certains pays africains)

Selon que le traducteur juridique doit faire le lien entre les systèmes juridiques de pays appartenant à une même famille ou à deux familles de droits, son travail ne sera donc pas tout à fait le même.

Conséquences pour la traduction juridique anglais français

Différences pour le traducteur juridique anglais français

En traduction juridique de l’anglais au français, le traducteur spécialisé a affaire à des systèmes juridiques qui appartiennent à deux familles de droits :

  • les documents qu’il traduit proviennent souvent du Royaume-Uni ou des États-Unis qui ont des systèmes juridiques de Common Law
  • les destinataires de ses traductions sont familiers du droit français (ou d’autres pays francophones), qui fait partie de la famille des droits romano-germaniques

D’importantes différences existent entre ces deux traditions juridiques, par exemple :

  • Les règles du droit anglais sont fondées sur des cas réels et concrets, alors que la France a des règles juridiques générales et abstraites.
  • Le droit français repose sur des règles élaborées par des législateurs et organisées dans des codes, alors que les règles du droit anglais découlent principalement de décisions rendues par des juges.

Les systèmes juridiques appartenant à une même famille de droits peuvent aussi présenter des différences non négligeables. C’est notamment le cas du système juridique américain qui, s’il tire son origine du droit anglais, s’en est éloigné au fil des siècles sous l’effet de son organisation politique bien distincte.

Incidence sur le processus de traduction juridique anglais français

Un traducteur juridique qui travaille de l’anglais au français devra donc jongler avec ces différences pour ne rater aucune nuance de sens et choisir les termes adéquats.

Dans la pratique de la traduction juridique, ces différences affectent par exemple :

  • les sources du droit auxquelles le traducteur juridique peut se référer, puisque les pays de Common Law accordent une grande importance aux décisions des tribunaux en plus des règles issues de la législation
  • les branches du droit dans lesquelles il doit chercher les concepts, en raison de l’absence de distinction entre le droit public et le droit privé dans les pays anglophones
  • la façon de désigner les juridictions, car si le droit français confie les affaires de droit civil et de droit pénal à des tribunaux différents, ce n’est pas le cas du droit anglais

Au vu de toutes ces différences, il n’est pas surprenant que le traducteur juridique soit confronté à des concepts de droit anglais sans équivalent en droit français, et vice versa.

L’absence d’équivalence en droit, particularité de cette spécialisation

La traduction juridique porte sur des concepts abstraits

Si la traduction juridique est une spécialisation si particulière, c’est parce que les concepts du droit sont tous abstraits, contrairement à d’autres domaines techniques.

Les termes liés à la médecine ou la mécanique désignent bien sûr des concepts abstraits, comme des procédures à suivre qui peuvent varier d’un pays à l’autre, mais aussi des « objets » concrets comme des parties du corps, des appareils ou des matériaux. Cette représentation physique « invariable » leur donne une portée universelle.

Comme le droit est abstrait et change d’un pays à l’autre, le traducteur juridique doit partir du principe qu’aucun terme de droit ne désigne de concept universel. Même entre deux concepts très similaires appartenant à des systèmes juridiques différents, il peut y avoir des différences subtiles, mais importantes.

Par exemple, dans la plupart des cas, traduire tribunal par « tribunal » et court par « cour » serait une erreur. Bien que ces termes se ressemblent, chacun désigne plusieurs concepts que le traducteur juridique doit connaître pour les traduire de la bonne façon en fonction du contexte.

Pour saisir précisément les nuances entre les concepts, le traducteur juridique se réfère donc sans cesse à des textes de loi, manuels de droit et dictionnaires juridiques des deux pays.

Les termes spécialisés de la traduction juridique sont polysémiques

L’absence d’équivalence entre les concepts de systèmes juridiques différents n’est que l’une des nombreuses difficultés de la traduction juridique. Le langage du droit tend d’autres pièges auxquels le traducteur juridique doit être attentif.

Par exemple, un terme spécialisé peut avoir plusieurs sens (on parle de polysémie) et donc être traduit de diverses façons. Ce phénomène peut affecter aussi bien des termes « purement » juridiques utilisés dans différentes branches du droit, que des termes employés à la fois dans le langage juridique et le langage courant (comme « minute » ou « aliment »).

C’est le cas des termes common law et equity qui peuvent désigner de nombreux concepts. Selon le contexte, vous pourrez trouver :

  • common law traduit par « Common Law », « droit de common law », « droit commun », « droit commun coutumier », « droit national », « droit fédéral », « jurisprudence », « droit jurisprudentiel »…
  • equity traduit par « equity », « Equity » ou « équité » dans le domaine juridique, mais « intérêt », « droit sur l’actif », « capitaux propres », « fonds propres » ou encore « valeur nette réelle » dans une traduction juridique impliquant des concepts financiers.

Le traducteur juridique doit donc dans un premier temps saisir le sens exact du terme anglais à traduire en s’appuyant sur le contexte, puis choisir la stratégie la plus adaptée pour en restituer le sens en français (définition, périphrase…). Sans cette analyse, la traduction juridique risque d’être incorrecte et difficile à comprendre.


Maintenant que vous connaissez les particularités de la traduction juridique et du droit, vous savez pourquoi il est important de faire appel à un spécialiste. Si vous cherchez un traducteur juridique anglais français, découvrez mon profil.

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Gwendoline Clavé, traductrice juridique anglais français

Gwendoline Clavé

Bonjour, je suis une traductrice de l’anglais au français installée à Marseille. Quand je ne traduis pas de documents juridiques ou de contenus SEO pour des sociétés informatiques, je réécris des documents juridiques traditionnels en langage clair. Sur ce blog, je partage des réflexions et informations sur des sujets variés à la croisée de la traduction, du droit et du numérique.

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